Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

Le nom de ce blog est sans doute évocateur de notre "nachid el watani" tant décrié par le passé parce que, associé au pouvoir Algérien illégitime. Après des décennies de disettes. Je voudrais faire de cet espace, un coin où tous mes compatriotes et autres amoureux de libertés, de démocratie, ou tout simplement d'histoire pourraient s'exprimer librement. En ce sens, nous vous souhaitons la bienvenue. En hommage à Nacer Hachiche, repose en paix et à bientôt ! Pour garder le contact avec notre chère patrie : http://www.alger-presse.com/index.php/presse-fr


Entretien avec Mohamed Bedjaoui : « J’ai introduit Pierre Falcone auprès des autorités algériennes » (source TSA)

Publié par The Algerian Speaker sur 10 Avril 2016, 19:15pm

Catégories : #DEBATS A BATONS ROMPUS(hiwar bila houdoud)

Ancien ministre des Affaires étrangères, ancien président du Conseil constitutionnel et ex-président la Cour internationale de justice de La Haye, Mohamed Bedjaoui a accordé un entretien exclusif à TSA. Notre journaliste l’a rencontré à Paris où elle lui a posé des questions sur le scandale de l’autoroute Est-Ouest, Pierre Falcone, Farid Bedjaoui…
Ancien ministre des Affaires étrangères, ancien président du Conseil constitutionnel et ex-président la Cour internationale de justice de La Haye, Mohamed Bedjaoui a accordé un entretien exclusif à TSA. Notre journaliste l’a rencontré à Paris où elle lui a posé des questions sur le scandale de l’autoroute Est-Ouest, Pierre Falcone, Farid Bedjaoui…

Le porte-parole de l’AACC a affirmé que vous détenez un compte offshore au Panama. Vous avez démenti. Il a insisté en réaffirmant qu’il s’agit d’un compte offshore numéroté. Que lui répondez-vous ?

Hadjadj avait prétendu, dans une première interview à TSA, que j’avais à Panama des comptes en banque alimentés par des commissions. Il s’est contredit dans une deuxième interview en niant avoir dit que j’y abritais des commissions. Hadjadj n’est pas à une contradiction près. Je l’avais pressé d’aller donner tous les détails de ses « révélations » au procureur de la République pour faire déclencher les poursuites judiciaires qui s’imposaient si ces « révélations » étaient exactes. Hadjadj s’est dérobé. Je lui suggère plus simple encore. S’il n’aime pas aller voir le procureur, je lui conseille simplement de donner, comme il en a l’habitude, une interview à TSA, dans laquelle il fournira à l’attention du Parquet tous les détails de mes prétendues commissions et comptes bancaires offshore. Je le presse de le faire au plus vite. Chiche ! M. Hadjadj.

Avez-vous réellement introduit Pierre Falcone auprès des autorités algériennes ?

J’ai introduit Pierre Falcone auprès des autorités algériennes. Falcone est un homme d’affaires mondialement connu. Il m’a approché un jour pour m’entretenir de deux questions du plus haut intérêt touchant la défense nationale et m’assurer de toute son aide dans ce cadre au service de la sécurité de notre pays. Nos autorités compétentes, saisies par moi-même (Mohamed Bedjaoui était alors président du Conseil constitutionnel, NDLR), ne pouvaient refuser de la recevoir pour ces problèmes importants de défense. Mais après un certain nombre de rencontres avec lui, elles se sont aperçues, au bout de quelques mois, de l’inefficacité de son concours.

Comment s’est-il intéressé à l’autoroute Est-Ouest ?

Entretemps, il porta de l’intérêt pour l’appel d’offres concernant l’autoroute Est-Ouest qui venait d’être publié. Il s’est porté soumissionnaire au nom d’une société D’État chinoise. D’ailleurs, personne ne pouvait l’empêcher de soumissionner. Il a alors bénéficié de mon appui initial dans le respect des lois, d’autant plus qu’il était censé apporter incessamment une contribution espérée inestimable à notre défense nationale. Mais j’ai cessé tout contact avec lui lorsque j’ai appris qu’il n’avait pas apporté le concours escompté à notre défense nationale. Il s’était parfaitement conformé néanmoins à toute notre législation des appels d’offres. La presse m’informera plus tard qu’il gagna le marché.

Avez-vous été convoqué par la justice ?

La presse a souvent dit que j’ai été convoqué plusieurs fois par la justice de mon pays. Cela est totalement inexact.

Ces dossiers de corruption ont-ils été préfabriqués par le DRS ?

Ce n’est pas vrai !

Êtes-vous toujours en contact avec Farid Bedjaoui ?

Je ne suis plus en contact avec lui depuis dix ans. Quand Farid venait à Alger, il partait directement à l’hôtel. Je rappelle qu’il était homme d’affaires et qu’il voulait travailler dans l’industrie et l’énergie. Il en avait le droit. Je ne voulais savoir quoi que ce soit sur ses affaires.

Comment Farid Bedjaoui a-t-il pu connaître Chakib Khelil et créer son réseau ?

Je n’en sais absolument rien. Mon neveu était un homme d’affaires. Il a travaillé avec le ministère de l’Industrie et de l’Énergie. Je ne connais pas ses affaires. Je n’ai aucune relation avec l’affaire Saïpem.

Vous ne savez absolument pas ce que faisait votre neveu avec Chakib Khelil ?

Je savais qu’il était homme d’affaires. Sauf que je ne savais pas sur quel projet il était en discussion avec le ministre de l’Énergie. Je ne l’ai (Farid) pas rencontré une seule fois durant ses passages à Alger.

Son avocat avait confirmé le montant des commissions et assuré que cela était normal dans le monde de l’intermédiation. Êtes-vous d’accord là-dessus ?

Je ne savais pas qu’il avait un avocat. Je n’ai pas à me substituer à son avocat. S’il dit qu’il a reçu des commissions, je prends acte pour mon information personnelle mais je n’en déduis rien.

Regrettez-vous d’avoir introduit Pierre Falcone auprès des autorités algériennes ?

Je regrette totalement. À la fin de ma vie, on m’insulte et on me diffame. C’est une fin de vie épouvantable qu’on me fait. Cela est parfaitement injuste. À travers cette cabale, j’ai l’impression que je suis mal payé de tout ce que j’ai fait en tout bien tout honneur pour mon pays.

Qui est derrière cette « cabale » ?

Je ne sais pas et je ne soupçonne personne.

En avez-vous discuté avec le président Bouteflika ?

Jamais !

Pourquoi ?

Par pudeur. En 2007, je me suis retiré du ministère des Affaires étrangères car il y avait véritablement une cabale contre moi qui me chagrinait énormément. Par la suite, j’ai eu des contacts indirects avec lui quand je voulais être candidat au poste de directeur général de l’Unesco en 2009. Mon pays avait déjà donné son accord pour un ministre égyptien. Depuis, je n’ai pas eu de contacts avec lui. J’ai voulu lui rendre visite en France quand il était hospitalisé mais je savais que cela allait être très difficile. J’ai renoncé à mon projet.

Que pensez-vous de la réhabilitation de Chakib Khelil ?

Franchement, c’est tout récent. Je n’en sais absolument rien.

Est-ce que Chakib Khelil est vraiment victime d’une cabale ?

Pourquoi voulez-vous que je me prononce sur quelque chose que je ne connais pas. Pour moi, c’est quelqu’un qui est extrêmement solide sur le plan professionnel. Il a fait de très belles réalisations pour le pays. Le reste, je n’en sais rien. Personnellement, je le prends pour quelqu’un d’honnête, parce que je prends en compte la présomption d’innocence.

Est-ce que la dissolution du DRS était finalement une bonne chose ?

Je n’en sais rien. Au cours de ces dernières années, je n’ai pas suivi le travail du DRS ou le travail de la présidence. Celle-ci a décidé de dissoudre le département. Donc elle a ses raisons. C’est très difficile pour moi de répondre à cette question. Cela fait plus d’une dizaine d’années que je suis revenu à mes premières amours, les relations internationales. Les luttes des clans existent partout. Même dans les pays développés et les plus misérables.

En Algérie, le général Toufik est parfois pointé du doigt par certaines personnalités. Quel souvenir gardez-vous de ce responsable ?

Je garde de lui le souvenir d’un homme remarquable et estimable.

La Une du Monde sur le scandale Panama papers a suscité de nouvelles tensions entre l’Algérie et la France. Est-ce que le mécontentement d’Alger est légitime ?

Bien sûr qu’il est légitime. Il s’agit de l’honneur d’une personne et de la dignité d’un État qui sont en jeu. Ce scandale montre toutes les faiblesses humaines et on peut en avoir le vertige. Mais s’il y a des innocents bousculés dans cette affaire, je sais qu’il serait difficile pour eux de prouver leur innocence. Il appartient à ceux qui accusent d’apporter leurs preuves.

Est-ce normal de protester au niveau du Quai d’Orsay ?

C’est même le premier geste. Mais je ne suis pas au courant de ce qui a été fait ou pas.

Pourquoi les relations algéro-françaises sont-elles à sens unique ?

Entre l’Algérie et la France, la relation reste inégalitaire. En 1970, le président Boumédiène m’avait envoyé en France en tant qu’ambassadeur en me disant : « Je t’envoie au front. Nous avons acquis l’indépendance politique mais sans réaliser notre souveraineté économique. Nous avons d’autres Evian à conquérir ». Par la suite, nous avons réussi à nationaliser les hydrocarbures avec Abdelaziz Bouteflika comme président de la délégation. Beaucoup de pays du tiers-monde dont l’Algérie n’ont pas encore pleinement acquis cette égalité. Les pays colonisés conservent des traces et des stigmates de la colonisation. Ce n’est pas par un coup de baguette magique qu’on peut changer la situation générale du pays. Il s’agit de conquérir le pouvoir de décision chez soi. On a accusé du retard. Ceci dit, les relations se sont beaucoup améliorées. Ne voyons pas tout en noir, l’Algérie a son poids spécifique. D’ailleurs, elle était plus « égale » que d’autres. Dans la vie d’une Nation, il y a des flux et des reflux. Cela dépend de beaucoup de facteurs.

Le président Bouteflika a brigué un quatrième mandat. Est-il en mesure de faire face à la crise que traverse actuellement le pays maintenant qu’il est complètement absent de la scène publique ?

Je n’ai pas les informations politiques nécessaires pour pouvoir répondre à cette question. J’envisage les problèmes de façon globale. Depuis le début de l’indépendance, nous avons bâti notre budget sur le prix du baril et nous avons compté sur cette richesse pour notre développement. Nous avons presque absorbé la richesse que constituent le pétrole et le gaz mais d’autres richesses sont encore dans les entrailles de notre terre. J’ajoute que le prix du pétrole ne va pas rester à ce niveau mais il va remonter à 50 dollars. Le pays doit tenir durant cette période. Nous avons un matelas de devises qui nous permettra de gagner une année ou deux. Et il faut faire l’effort de sacrifier certaines importations.

Que pensez-vous finalement de ce quatrième mandat ?

Le Président est souffrant. La révision constitutionnelle adoptée en février dernier prévoit deux mandats aujourd’hui.

Les binationaux sont écartés de certains postes avec la révision constitutionnelle. Est-ce normal ?

On ne m’a pas consulté pour la Constitution. Je voudrais juste rappeler que ce sont des chômeurs et des travailleurs établis en France et ailleurs en Europe qui ont financé à hauteur de 75% la Guerre de libération nationale. Ce ne sont pas les pays arabes. Les archives laissées par le ministre de l’Économie durant la guerre de libération, Ahmed Francis, montrent d’où venaient les finances du FLN et du GPRA.

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